Un choix éclairé

Particularité de la pratique sage-femme 

Les sages-femmes sont des professionnel.le.s de la santé qui offrent un suivi durant toute la grossesse, le travail, l’accouchement et les six premières semaines après l’accouchement. Les sages-femmes sont reconnu.e.s comme ayant une approche d’accompagnement unique tenant en compte les déterminants de la santé et le contexte spécifique de la personne lorsqu’ils ou elles discutent avec leur clientèle. Leur approche permet d’établir un climat de confiance et de favoriser l’autonomie.

La personne enceinte et sa famille (telle que définie par la personne enceinte) est au centre du processus décisionnel et s’inscrit dans une relation qui est non hiérarchique avec leur sage-femme. Le rôle des sage-femmes est de favoriser une relation de confiance, propice à l’échange. Il vise aussi à transmettre de l’information de qualité, adaptée et accessible pour permettre aux personnes et aux familles d’entreprendre une réflexion et de prendre leurs décisions. L’auto-détermination de l’individu et des communautés sont également au centre de la pratique sage-femme.

La vaccination, une mesure de santé publique

Au Canada, le gouvernement fédéral a confié au Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) et à l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) le mandat de favoriser l’adoption des meilleures pratiques en immunisation et en vaccination.

Au Québec, le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) relève de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Il identifie et évalue des sujets de recherches épidémiologiques et produit des recommandations et des avis pour le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS). Il existe au Québec un programme d’indemnisation pour les victimes d’un préjudice grave et permanent avec un lien causal probable avec la vaccination.

La santé publique s’inscrit dans une approche de santé de la population dans son ensemble et met en place des mesures telles que l’accès à l’eau potable et à la vaccination. La vaccination est vue comme une mesure efficace dans la prévention des maladies transmissibles autant sur le plan individuel que populationnel. En ce sens, lorsqu’une proportion suffisante de la communauté est immunisée (souvent autour de 85-90 %), le principe d’immunité collective permet alors aux personnes qui ne peuvent recevoir le vaccin ou qui sont immunodéprimées d’être indirectement protégées par les autres, en réduisant la chaîne de transmission d’une personne à l’autre. Ainsi la vaccination et l’immunité collective se veulent protectrices des populations plus vulnérables. Toutefois, dans l’histoire, une médecine colonialiste a créé de graves effets. De nombreux exemples de manquements, d’abus de pouvoir et de bris de confiance ont mené à une méfiance des mesures comme la vaccination. L’historique d’expérimentation médicale, de stérilisation forcée et la présence actuelle et passée du racisme systémique sont des exemples de ces abus de pouvoirs qui laissent des traces encore aujourd’hui chez certaines populations.

Le contexte de la pandémie et les sages-femmes

Durant la pandémie, plusieurs sages-femmes furent une des courroies de transmission de l’information sur la COVID-19. Ainsi, du temps était alloué à informer et discuter avec les personnes enceintes des recommandations, des enjeux liés à la vaccination ainsi que des impacts psychosociaux de la pandémie. Ceci dans un contexte d’informations en constant changement. 

Suite aux expériences vécues durant la pandémie COVID-19, une certaine tension a été observée par les sages-femmes, entre le devoir de communiquer les recommandations de la santé publique basée sur une approche populationnelle et la mise en pratique du choix éclairé, une approche individualisée, centrée sur la personne. Cette tension provient aussi du constat des biais autant personnels qu’institutionnels. Certaines se demandaient si ce rôle relevait réellement de la sage-femme et souhaitaient la création d’outils en soutien à ces discussions

Le choix éclairé sur la vaccination

Une des normes professionnelles au Québec est que les sages-femmes donnent aux personnes l’information disponible en ce qui concerne les enjeux liés aux différents choix, et leurs implications potentielles, à faire durant la période périnatale. En d’autres mots, les personnes ont droit d’avoir accès à l’information disponible concernant les décisions qu’elles peuvent prendre. Dans le contexte de la vaccination, les sage-femmes ont effectivement le rôle d’initier une discussion afin de voir ce que la personne sait à ce sujet, et si elle souhaite en savoir davantage. L’information est transmise dans une approche relationnelle, tenant compte du contexte de vie, des valeurs, des expériences vécues ou des contraintes d’accès. Elle vise aussi à outiller les personnes sur les avantages, les risques, les implications, les données et recommandations actuelles et les options. Il est important comme professionnel.le d’adopter une pratique qui facilite l’accès, qui est réflexive et sensible, et qui est consciencieuse de ses biais personnels liés à la vaccination.

Tenter de convaincre la personne devant nous, ne correspond pas à l’approche sage-femme du choix éclairé et se révèle de plus contre-productive. Elle peut accentuer la méfiance face à la vaccination. Donner trop d’informations, trop de statistiques ou de miser sur un message autoritaire également. 

Comme pour tous les soins, la personne aura le droit de choisir de prendre ou non un vaccin. La vaccination n’est pas obligatoire au Canada, la vaccination n’est pas sans risque, les avantages surpassent toutefois les risques, bien que tout ça soit relatif à la personne et à son contexte. Avoir accès à l’information lui permettra de faire son choix, et de comprendre les implications de celui-ci.